Pas le choix ?
"Il n'est d'autres barrières que celles qu'on se met au coeur." - ZAZ, "La lessive"
"C’est comme ça, je n’ai pas le choix."
Cette phrase me gêne autant que le ton fataliste avec lequel elle est en général prononcée et le fameux conditionnel passé dont je vous ai déjà parlé.
C’est vrai, dans la vie, beaucoup d’imprévus nous chahutent, et quand ils sont "malheureux", on n’a pas le choix de les éviter, on n’a pas le choix de faire comme s’ils n’étaient jamais survenus. Ils laissent dans nos existences une trace profonde, ravinée, indélébile.
MAIS.
On a le choix de ce qu’on en fait.
On a le choix de la tournure d’esprit que l’on adopte à leur égard.
On a le choix d’être accablé ou de se saisir de l’occasion "contraire" pour la retourner à son avantage.
On a le choix, comme c’est arrivé à deux de mes amies, de se lamenter sur sa maison brûlée et ses souvenirs perdus dans l’incendie, ou de la reconstruire à neuf, plus proche de soi et de ce dont on rêvait (c'est devenu le livre « D’est en ouest » ).
On a le choix, à l’annonce d’un cancer, de se dire qu’on est foutu, ou de profiter de la vie qui reste au maximum. De faire tatouer ses cicatrices après une ablation des seins pour continuer à se sentir belle et femme (autre témoignage vécu d’une amie.)
Une des vidéos les plus difficiles que j’aie eu à enregistrer pour ma web TV fut le témoignage de deux familles qui avaient perdu un enfant, l’un par suicide, l’autre par noyade dans la piscine de la maison où ils venaient d’emménager. L’une des deux mères entretenait la mémoire de son fils en conservant sa chambre intacte, en se rappelant chaque année ce qu’il avait fait les précédentes à la même date. L’autre mère avait choisi d’avancer, avec son conjoint, pour leurs autres enfants, et aussi pour eux-mêmes. Recommencer à vivre n’est pas oublier, jamais. Cette deuxième maman pense autant à son fils que la première, sûrement avec la même émotion. Elles ont simplement fait des choix différents; elles se sont approprié le deuil différemment.
Hier encore, j'ai pris une grande leçon de vie en écoutant parler cette jeune fille de dix-huit ans et son amoureux. Il aurait été tellement plus facile de se résigner. Ils ont pris un autre chemin.
Il n’est pas nécessaire d'attendre des circonstances tragiques pour poser des choix, pour décider de ne pas se sentir victime des événements. C'est une décision de soi à soi, un choix de vie qui nous engage. Il n'est jamais trop tard pour changer sa posture. On se sent tellement plus léger, puissant et créateur si l'on ose.

"Je fais partie de ceux qui pensent qu'y a pas de barrière infranchissable
Y faut y croire un peu, y a bien des fleurs qui poussent dans le sable"
Grand Corps Malade, "Mental"