Suspension

Rédigé par Sylvie PTITSA Aucun commentaire
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 2. Suspension

 

Je la regarde sans un mot, soufflé par l’émotion.

C’est elle qui parle :

« Je sais pourquoi tu m’as demandé de venir. Tu ne veux plus me voir. Tout ça est tellement soudain. Tellement incompréhensible. Pour moi aussi. Et si tu me dis que pour toi, c’est insupportable, je te promets de disparaître de ton existence et de ne plus réapparaître. On ne pourra jamais être vraiment séparés, mais je resterai loin, quelque part, et sur ma vie, je te jure de ne plus jamais te faire signe. Mais si c’est ton choix, avant qu’on se sépare, je veux te dire que… je ne sais pas pourquoi toi, pourquoi moi, pourquoi comme ça et pourquoi maintenant… mais je sais qu’une relation comme la nôtre, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Alors je suis prête à honorer cette chance. A donner le meilleur de moi et à te hisser vers le meilleur de toi. Quelle que soit la forme que ça prendra, y compris si pour toi, c’est de se quitter.»

Rien que ces derniers mots me tordent le plexus. Comme je ne réponds rien, elle poursuit :

" Je suis aussi perdue que toi. J’ai volé en éclats. Depuis des jours, je vacille à l’épicentre d’une éruption solaire. J’assume le quotidien comme je peux. Je ne comprends même pas comment les autres peuvent ne pas voir que je flambe. Je te sens dans moi. Dentro sento te. Continuamente. Tout le temps. Tu te déverses en vagues de peur, d’amour, de joie. Tu es un soleil, un astre, un volcan. Je devrais t’appeler Stromboli.

-Un volcan et une poudrière, ça s'annonce plutôt dévastateur, non ?

-Ca dépend. Ca dépend qui s’en sert, comment et avec quelles intentions. Comme pour tout. Avec le feu et la poudre, on crée aussi les feux d’artifice."

Je la regarde en face. Si je dois ne jamais la revoir, je veux graver ses traits dans ma mémoire. C’est dangereux de regarder une poudrière en face. Mais je veux le faire.

Elle soutient mon regard sans un mot.

A voix très basse, presqu’un murmure, je lui demande :

« Est-ce qu’on est dans la fiction ou dans la réalité ? »

Très doucement, elle me répond :

« On est exactement où on choisira d’être : dans la fiction ou dans la réalité. »

Elle prend ma main.

"Décide. Dans l'une, l'autre ou les deux, je ne peux exister que si tu m'ouvres tes bras."

 

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