"Le bleu provient de l’indigo mais le surpasse en intensité"

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 Je crois que Maria Montessori, dont je vous parlais hier, aurait aimé ce conte et ce proverbe chinois, elle pour qui "le maître est l'enfant" !

Au sein de la culture chinoise traditionnelle, le respect des professeurs est un concept très important. Et pourtant, l’expression qui forme le titre de ce texte fait l’éloge de l’élève dont le savoir dépasse celui de son professeur, tout en préservant la dignité de ce dernier. L’histoire vraie qui suit illustre parfaitement le caractère enrichissant de cette relation de maître à disciple. « Le bleu provient de l’indigo mais le surpasse en intensité » est aujourd'hui l’une des expressions les plus courantes du chinois moderne.

"   Il y avait, à la fin de la dynastie des Wei du Nord, un célèbre professeur du nom de Kong Fan, qui était non seulement l’homme le plus érudit de son temps, mais aussi quelqu’un d’une moralité sans faille. Plutôt que de chercher à se faire une réputation en tant que professeur, Kong Fan se consacrait en effet corps et âme à la formation de ses élèves. Or, parmi les nombreux disciples remarquables qu’il comptait se trouvait un prodige nommé Li Mi. À l’âge de treize ans, Li Mi avait déjà lu en entier tous les écrits canoniques relevant de la philosophie, des arts et des sciences, et l’année de ses dix-huit ans, il vint solliciter avec instance l’enseignement de Kong Fan, dans l’espoir d’approfondir sa compréhension des classiques de la littérature, de l’histoire et de la philosophie. Non seulement Li Mi acquit la maîtrise de l’ensemble des connaissances que lui transmit son maître, mais encore, loin de s’en tenir aux règles établies, il lui arrivait souvent de se servir de ce qu’il avait appris pour faire de nouvelles découvertes et d’épuiser un sujet en l’examinant sous tous les angles. En l’espace de quelques années seulement, Kong Fan se rendit compte que Li Mi l’avait déjà surpassé, et il éprouvait une grande satisfaction à l’idée d’avoir un disciple aussi exceptionnel.

Un jour, Kong Fan rencontra une difficulté qui le laissa perplexe, et comme il n’avait personne d’autre à consulter, il décida de demander conseil à son propre élève, Li Mi. Celui-ci avait depuis toujours fait preuve d’un immense respect envers son maître, ce pourquoi il ne sut tout à coup que répondre à cette soudaine sollicitation de sa part. Voyant qu’il avait l’air fort mal à l’aise, Kong Fan s’empressa d’ajouter : « Ce n’est rien, même un sage peut apprendre des autres, alors ne parlons pas de moi ! Quiconque sait quelque chose que j’ignore m’oblige à le prendre pour maître, vous y compris ! » Lorsque la nouvelle se répandit que Kong Fan n’avait pas honte de demander conseil à l’un de ses élèves, tous ses disciples s’en trouvèrent si agréablement surpris qu’ils composèrent une petite chanson visant à célébrer un tel esprit d’humilité. Il en va ainsi :

De l'indigo le bleu procède
Mais l’indigo au bleu sa place cède.
Quoi de constant pour passer maître ?
C’est qu’il vous faut les classiques connaître !   "

 

Mereces...

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Mereces un amor que te quiera despeinada,
incluso con las razones que te levantan de prisa
y con todo y los demonios que no te dejan dormir.

Mereces un amor que te haga sentir segura,
que pueda comerse al mundo si camina de tu mano,
que sienta que tus abrazos van perfectos con su piel.

Mereces un amor que quiera bailar contigo,
que visite el paraíso cada vez que ve tus ojos
y que no se aburra nunca de leer tus expresiones.

Mereces un amor que te escuche cuando cantas,
que te apoye en tus ridículos,
que respete que eres libre,
que te acompañe en tu vuelo,
que no le asuste caer.

Mereces un amor que se lleve las mentiras,
que te traiga la ilusión,
el café y la poesía.

 

 

Tu mérites un amour qui t'aime décoiffée,

avec les raisons qui te font sauter du lit au matin

et  tous les démons qui ne te laissent pas dormir.

 

Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité,

capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés,

qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau.

 

Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi,

qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux,

qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions.

 

Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes,

qui te soutient lorsque tu es ridicule,

qui respecte ta liberté,

qui t’accompagne dans ton vol,

qui n’a pas peur de tomber.

 

Tu mérites un amour qui balaye les mensonges

et t’apporte le rêve,

le café et la poésie.

 

Frida KAHLO

 

Que serais-je sans toi

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J’étais celui qui sait seulement être contre
Celui qui sur le noir parie à tout moment
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
 
Un bonhomme hagard qui ferme sa fenêtre
Un vieux cabot parlant dans anciennes tournées
L’escamoteur qu’on fait à son tour disparaître
Je vois parfois celui que je n’eus manqué d’être
Si tu n’étais venue changer ma destinée
Et n’avais relevé le cheval couronné 
 
Je te dois tout je ne suis rien que ta poussière
Chaque mot de mon chant c’est de toi qu’il venait
Quand ton pied s’y posa je n’étais qu’une pierre
Ma gloire et ma grandeur seront d’être ton lierre
Le fidèle miroir où tu te reconnais
Je ne suis que ton ombre et ta menue monnaie
 
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson
 
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux
 
 
Louis ARAGON
Prose du bonheur et d'Elsa, 1956
 
 

Que serais-je sans toi

 Elsa Triolet & Louis Aragon


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