Côte à côte (9)

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Et hop ! Un triple looping, suivi d’une descente en piqué, suivi d’une remontée spectaculaire. Les bipèdes pavoisent avec leurs avions de chasse et leurs fumées tricolores pour leurs fêtes nationales, mais en matière de figures aériennes, ils ont tout piqué aux oiseaux. En matière de vol aussi, d’ailleurs. Non mais qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’ils ont inventé la poudre ? Quand on voit l’usage, non les usages, qu’ils en font, de la poudre… Ya pas de quoi se pavaner, hein.

Jo me rejoint en vol plané sur l’aile droite. Jo, c’est le diminutif de « Jonathan ». Lui, c’est un goéland ; moi, une mouette. Et alors ? Ca ne nous empêche pas d’être un top binôme. On réussit nos acrobaties en duo comme personne, même si nous sommes d’envergures différentes. Etre identiques n’est pas indispensable pour former une bonne équipe. Une solide base commune pour se comprendre, assez de différences pour se compléter. Voilà la bonne alchimie. Si on est deux clones, on s’emmerde. Si on est deux opposés, on s’engueule. Le secret d’une bonne alliance, c’est l’équilibre du semblable et du dissemblable. Jo et moi, on s’entend là-dessus comme sur le reste.

« Hé Jo, vise un peu les deux cibles, là en bas, sur le balcon ! On les mitraille ?

-Affirmatif ! Cible en ligne de mire pour salve imminente !

-Si on s’y met à deux, wouh, qu’est-ce qu’elles vont se prendre !

-Elles auront du nettoyage à faire…

--…. et de la lessive !

--…. et deux ou trois shampooings !!

-Tu crois qu’on pousse jusqu’à lâcher une deuxième salve sur leur linge, une fois qu’elles l’auront lavé et mis à sécher dehors ?

-A voir… tu les trouves si détestables que ça ?

-Je les trouves suspectes… Ca fait un moment que je les vois caqueter sur leur balcon en zieutant d'un oeil mauvais tous ceux qui passent près de la plage aux parasols jaunes. J’ai l’impression qu’elles sont en flagrant délit de commérages. Et pas des plus bienveillants…

-Ok, on va faire quelques patrouilles à proximité, discrètement, pour aller à la pêche aux informations. Si tes soupçons se confirment, on refait un deuxième passage et on lâche la deuxième salve, ok ?

-Ok. En attendant… largaaaaaaage des premiers missiiiiiiles !!! FEU !!!

-Hola dis donc, tu les as pas ratées !! T’avais mangé quoi à midi ?

-De la morue… »

 

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Côte à côte (8)

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"T’as vu les deux d’à côté ?

-Desquels tu parles ? Les deux snobinards en maillot Versace ? Ceux qui ne se baignent pas sans lunettes de soleil Dolce e Gabbana, Armani waterproof et bijoux Bulgari ?

-Snobinards, tu parles ! Tout le monde sait que les vrais snobs sont à Cannes ou Monaco, pas ici ! Si leurs maillots sont du Versace, mes tongs sont du Gucci ! Je te parie que ce sont des contrefaçons achetées trois fois rien au noir. Même le sac Prada de la starlette, c’est du simili-cuir, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

-En parlant de nez, t’as vu celui de la jeunette du dessous ? Il est tellement busqué que de profil, on dirait un arc !

-Ouais ben, elle pourra prendre les boutons d’acné de son Roméo pour cible ! T’as vu ce domino ?

-Bah et sa peau à elle, alors ? Elle a plus de points noirs qu’une coccinelle !

-On est cernées de specimen dans cette résidence, je te jure, une vraie collection de laiderons ! Non, je te parlais des deux du studio de gauche, pas de ceux du F2 de droite.

-Ah, le grand vieux mince et la petite jeune boulotte ?

-Petite jeune, petite jeune… T’as vu ses rides ? Elle n’est pas de première fraîcheur, hein.

-Nan, c’est juste lui qui la fait paraître plus jeune, ça doit être calculé exprès : les vieux s’offrent des jeunes pour se sentir virils, les jeunes s’offrent des vieux pour paraître plus jeunes. Duo gagnant-gagnant…

-Ils ont combien d’écart, à ton avis ? Dix ? Vingt ? Trente ?...

-Bah je sais pas… vingt-cinq ans ?

-C’est peut-être sa fille du coup, pas sa femme ?

-Ni l’un ni l’autre ! Tu les as bien observés ? T’as vu les œillades qu’ils s’échangent ? Il la regarde comme un trésor, elle le regarde comme un sapin de Noël. On les dirait plantés devant un buffet de desserts après une grève des pâtissiers.

-C’est vrai ça, j’ai remarqué aussi. Trop collés l’un à l’autre pour être père et fille….

-M’en parle pas ! Des escargots, je te dis !

-… et trop amoureux pour être mari et femme, ou alors, très récemment mariés. Ou en pleine lune de miel !

-A leur âge ??!!

-Second mariage ? Deuxième ? Ou troisième ? Y a plus de morale, ma pauvre ! Si ça se trouve, ils sont amants. Ce n’est pas sa femme, c’est sa maîtresse.

-Ou une call girl !

-Hahahaha ! T’en as de bonnes ! T’as vu sa morphologie de gnocchi, à la call girl ? Elle ferait pas fortune !!

-Certains les aiment rondes !

-Rondes peut-être, mais plissées ? Elle a tellement de bourrelets qu’il peut jouer de l’accordéon !

-Ou au golf, dans les trous de sa cellulite !

-Elle ne met que des maillots une pièce, jamais de bikini. Elle a sûrement aussi des vergetures.

-Vu le bide qu’elle a, elle a porté au moins des triplés avant les vergetures…

-Les deux font la paire : lui aussi, il a du bide ! Mais ça se voit moins, parce qu’il est grand !

-A ton avis ils sont quoi ? Amerloques ?

-Vu la couleur de l’accordéon, je dirais plutôt Islandaise… elle doit voir le soleil deux fois par an… sous une capuche et avec des moufles !

-Et lui ? Islandais aussi ? Non, il est trop brun.

-Arrête, il n’est pas brun, il est gris !

-Ok, gris brun ! Ou ex-brun si tu veux ! Mais bronzé.

-Ca peut être le ski ? Ils en font beaucoup, là-bas.

-Norvégien alors ?

-Ou Danois ? Il a l’air taciturne.

-Ya des montagnes au Danemark ?

-Les Norvégiens sont taciturnes ?

-Ben, le seul Norvégien que je connaisse c’est Munch, celui qui a peint « Le cri »

-Le quoi ?

-Un tableau qui suinte la mélancolie glauque et les envies torturées…

-D’où tu sors cette phrase, toi ?

-Je sais plus… Je l’ai lue quelque part… dans la salle d’attente de l’ophtalmo, peut-être.  Tu crois qu’elle fait comment pour l’embrasser debout ? Elle monte sur une échelle ? Ou elle attend qu’il soit couché ?

-Chuuuuut ! Baisse d’un ton ! Les voilà qui sortent !"

 

 

"On les divertit beaucoup, apparemment. Mieux qu’un feuilleton d’été !

-Qui ça ?

-Les mémères d’à côté. Ca fait des jours qu’elles nous espionnent.

-Ne les appelle pas « mémères » !!! Si ça se trouve, elles ont mon âge… ou moins !

-Je m’en fous ! Elles passent leur temps à nous observer sans en avoir l’air, en se marmonnant des trucs à voix basse. Je suis sûre qu’elles font des paris sur notre différence d’âge, la nature de notre relation et notre nationalité.

-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

-Intuition féminine ?

-Laisse-les parler ! Ce sont des jalouses !

-Sûr qu’elles ont de quoi l’être ! Elles n’ont pas vu l’amour depuis longtemps, à voir leurs tronches ! Si elles l’ont jamais croisé. Tu sais quoi ? J’ai une idée. J’ai cru comprendre qu’elles nous croient Amerloques. Parle un peu plus fort dans pseudo-anglais nasillard en m’appelant « Brenda ». Je ferai de même en t’appelant « Bryan ». On va s’amuser, nous aussi…

-Je suis trop poli pour dire « fuck » à répétition !

-Tu es top ! Tu me donnes une meilleure idée ! Ce soir, quand tu me feras l’amour, je crierai très fort « Oooooh Bryaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan » juste derrière la cloison ! Ca mettra du piment dans leur feuilleton et ça fera avancer leur enquête sur les nationalités !

-Je te préfère au naturel. Oublie les Amerloques. Oublie ces commères. Allez viens, on s’en va ! La mer est plus belle !

-D’accord ! Je me contenterai d’un pacte avec les mouettes pour qu’elles leur chient dessus. A chaque passage ! "


 

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