Paradoxes

Rédigé par Sylvie PTITSA Aucun commentaire
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"J'ai souvent pesté : "J'arrête ! Tout ça ne sert à rien, je perds mon temps !", et j'ai juré de ne plus revenir dans mon laboratoire, j'en ai même jeté la clé. Et j'y suis chaque fois retourné. Et je ne regrette rien. Mais j'en avais du boulot à abattre, de la colère à sortir, des scories à purifier, de la sagesse à grignoter, pas à pas, sur le bloc d'impatience dont j'étais fait ! (...).

Qu'est-ce qui a bien pu se passer ce jour-là pour que ça marche ?

Ce jour-là, "j'étais dedans", je ne peux pas mieux dire. C'est toute la différence entre le technicien et l'artiste. Mais à cette époque, je ne le savais pas encore. On peut dire que j'ai eu "le nez creux", autrement dit que j'ai été "bien inspiré" de retirer mon creuset au bon moment. On peut dire aussi que je l'ai senti, que je l'ai su sans savoir pourquoi. Toujours est-il que, ce jour-là, j'ai appris à faire confiance à cette intuition du moment propice. Comme le cuisinier qui sait exactement quand stopper la cuisson. Et aujourd'hui je réussis à coup sûr cette opération, à l'aveugle. Je sais quand il faut arrêter. Je le sais, c'est tout.

On peut parler de confiance (...). Mais il y a autre chose de très particulier et néanmoins essentiel, c'est le rapport à l'attente. Il faut être à la fois disponible à ce que quelque chose advienne, mais sans l'attendre non plus. A la fois engagé dans ce que l'on fait et dégagé d'une attente qui serait une forme de pression. Etre pleinement là mais sans offrir de résistance. C'est beaucoup de paradoxes ! Mais c'est pourquoi on parle de voie initiatique et non pas de cours de chimie.

Aujourd'hui, je suis capable de donner ce conseil à mes élèves, que je ne conaissais pas encore quand j'étais apprenti moi-même, mais j'en ai fait l'expérience petit à petit et cette expérience s'est manifestée :

 

Si on n'attend rien, on trouve tout ;

si on attend quelque chose,

on ne pourra trouver que ce que l'on attend.

 

 

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Vigilance

Rédigé par Sylvie PTITSA Aucun commentaire
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"Nous vivons dans une véritable addiction au temps (...). Je crois que plus un pays est industrialisé, plus on y est esclave du temps. Un temps qui morcelle, condamne, contraint, pressurise et juge. S'il est vrai que le temps, comme on dit, c'est de l'argent, alors l'éternité, c'est de l'or  ! (...)

Je ne peux plus courir ou plus exactement, je ne veux plus courir. Dans la rue, les gens marchent souvent beaucoup plus vite que moi. Je me sens dans un décalage d'observation. J'ai l'impression d'être à côté, de n'être pas tout à fait dans le même monde. Dans un état de lenteur qui accroît mon discernement, qui rend chaque instant plus riche, plus dense d'informations, mais moins agité.(...)

Je suis encore plus sensible qu'autrefois au spectacle de mes contemporains piégés dans le temps. Ceux qui répètent : "Je n'ai pas le temps". Et en effet, ils ne l'ont pas, ils en sont les esclaves. Résister au monde agité autour de nous demande une véritable vigilance; cela fait partie de la tentation. Le monde est très sollicitant, on est vite tenté de se mettre au rythme des autres.

Mais attention ! Quand on reprend la cavalcade comme autrefois, arrive toute la cohorte de jugement, d'énervement et de doute. (...) On accepte cette accélération, puis cette petite entorse à nos principes, et puis celle-là, on rogne insidieusement sur sa paix, sans en prendre conscience, et puis, à un moment, on a basculé, c'est fichu, on l'a perdue.

La paix intérieure est un trésor précieux que personne ne vous vole : c'est vous qui la perdez si vous baissez la garde devant vos propres démons. (...) Autrefois, un rien pouvait m'énerver. Aujourd'hui, je vois venir le démon, je lui fais faire trois pas de danse et ça va mieux. Je ne suis toujours pas un saint. Mais aujourd'hui j'ai le temps." 

 

 

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Réalités

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"Un autre livre est venu nourrir mes interrogations : "La vie et l'Âme de la matière", de François Jollivet-Castelot (paru en 1893, donc avant la théorie de la relativité, qui date de 1905). L'auteur s'y présente en tant que "hyperchimiste" et postule que "quelque chose d'impalpable" accompagne la matière.

Sur ce quelque chose, il postule qu'on peut avoir une action et engendrer une réaction. En somme, qu'il y a un esprit qui va avec la matière, et qu'en travaillant avec l'esprit, on observe des conséquences sur la matière. Et l'ouvrage est assorti de recettes, d'expériences à tenter soi-même. C'était tentant !

Ne serait-ce que pour prouver, une fois de plus, que c'était faux.

Sauf que ça fonctionnait...

(...) Aujourd'hui, j'irais encore plus loin : je dirais que le monde rationnel n'est jamais qu'un hasard auquel on s'est habitué (...).

Einstein disait que la force de l'univers la plus difficile à surmonter est l'habitude. A cette époque de ma vie, je crois que j'étais mûr pour changer d'habitude et même de paradigme.

(...) Je le dis autrement à nouveau : on a besoin que cette réalité non ordinaire nous prenne par la main et nous tire vers l'extérieur. On l'invoque, on l'appelle, elle se manifeste, elle nous attrape et puis elle nous tire vers elle... si on ne résiste pas. Et tout le travail de l'alchimiste, c'est de se préparer à ne pas offrir de résistance.  C'est ce que j'ai mis du temps à comprendre." 

 

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Soulever les pierres

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"Plus le temps passait, plus je me posais de questions et moins j'avais de réponses.  C'est cette soif d'apprendre et de comprendre qui m'a mené au creuset. Je n'ai jamais voulu faire de l'alchimie. Je n'ai jamais voulu faire des conférences, je n'ai jamais voulu faire de livres, je n'ai jamais voulu faire de films. Je n'ai jamais eu ces projets, en disant : je vais faire ça. Non, j'ai dit: je veux connaître l'univers. C'était ça, mon projet de vie. Je veux soulever les pierres pour voir ce qu'il y a dessous. C'est tout." 

 Patrick Burensteinas, "Un alchimiste raconte"

 

La vie mettra des pierres sur ton chemin, à toi de décider si tu en ...
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