If / Si

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Texte d'origine de Rudyard KIPLING (1895, ed.1910)

 

Traduction de Jules CASTIER (1949)

 

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream - and not make dreams your master;
If you can think - and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: 'Hold on!'

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings - nor lose the common touch,
if neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And - which is more - you'll be a Man, my son!

 

Si tu peux rester calme alors que, sur ta route, 
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi ; 
Si tu gardes confiance alors que chacun doute, 
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi ; 
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine : 
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens, 
Ou si, étant haï, tu ignores la haine, 
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement ;

 

Si tu rêves, — sans faire des rêves ton pilastre ; 
Si tu penses, — sans faire de penser toute leçon ; 
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre, 
Et traiter ces trompeurs de la même façon ; 
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes 
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots, 
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes, 
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux ; 

 

Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes 
Et le risquer à pile ou face, — en un seul coup — 
Et perdre — et repartir comme à tes débuts mêmes, 
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout ; 
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret 
À servir à tes fins malgré leur abandon, 
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt, 
Hormis la Volonté qui ordonne : “Tiens bon !” 

 

Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre, 
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros ; 
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre ; 
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop ; 
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable 
De soixante secondes de chemins accomplis, 
À toi sera la Terre et son bien délectable, 
Et, — bien mieux — tu seras un Homme, mon fils.

 

Privilèges

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 "Quand tu te lèves le matin,

pense aux précieux privilèges que tu as

d'être vivant,

de respirer,

de penser,

de sentir,

de toucher

et d'aimer."

 

Albert CAMUS


"Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible..."

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Le 27 janvier est la  Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah et de prévention des crimes contre l’humanité.

La Shoah, crimes sans nom et sans nombre qui pèsent de nos jours encore sur des  destins individuels et des lignées familiales, comme en témoignent les descendants des "Lebensborn", une réalité moins connue que celle des camps et pourtant autrement destructrice, née du même esprit fanatique, aveugle, malade.

Quand on sait l'impact transgénérationnel des secrets de famille, combien d'identités perturbées, combien de culpabilités et de haines inconscientes payent encore à notre époque les héritiers de ce passé sous scellés ?

  

 

Mais la Shoah, ce sont aussi des héros, tel Schindler mis en lumière par le cinéma ou, plus récemment, Winston qui a lui aussi fait l'objet d'un film en 2024 ("One life", avec Anthony Hopkins dans le rôle principal).

  

 

L'être humain est capable du pire comme du meilleur, et je me demande souvent, en toute honnêteté, de quel côté j'aurais été si, comme dans la chanson de Goldman, j'étais "née en 17 à Leidenstadt"... Et vous ?

  

 

L'autre côté

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Un site internet démoli, 20 ans de travail pulvérisés, deux ordinateurs grillés, un volet cassé, quatre caries détectées (alors que je n'en avais plus depuis des années) et, depuis 8 jours, la grippe. Heureusement que je ne fais pas de voeux de bonne année, sinon, je penserais m'être trompée de formule ou, pire, n'avoir pas été entendue.

Pourtant, je pense que la vie m'entend. Je vais même plus loin : je pense qu'elle m'aime et veut le meilleur pour moi. En ce début 2025, est-ce que j'en suis encore si sûre ?

Eh bien, je n'ai aucune preuve absolue que ce soit vraiment le cas... mais, quitte à croire en quelque chose, même faux, je préfère croire qu'elle m'aime. Quel intérêt de ressasser que la vie m'exècre et prend plaisir à me bastonner ?

J'ai eu un ami qui, lui, en était persuadé. Il ne cessait de lui arriver malheur : il tombait dans les escaliers, se faisait renverser à vélo, était déçu ou trahi dans ses relations... Je comprends que, suite à des discours qui ont imprégné notre enfance, suite à une série d'événements contraires ou même dramatiques, on finisse par nourrir la croyance que la vie nous déteste, qu'on n'a pas droit au bonheur, qu'on est là pour en baver. J'ai plus de mal à comprendre qu'on puisse la cultiver. Comment vivre heureux sur une telle toile de fond ?

Peut-être que finalement, la vie n'est ni aimante ni méchante, qu'elle est juste impartiale, factuelle, neutre. Alors, autant accueillir ce qui vient avec la même neutralité. C'est ce que je m'entraîne à faire. C'est là. C'est arrivé. Je ne peux pas le changer. Maintenant, qu'est-ce que j'en fais ? 

Passés la contrariété, le stress, l'énervement, passés le ras-le-bol et le découragement, je constate que ce début 2025 me fait aussi voir et réaliser tout ce qui va bien dans ma vie. La grippe passera. J'ai les moyens de me soigner, de faire réparer le volet, de remplacer les deux ordinateurs. Des gens compétents se mobilisent pour m'aider. J'ai peut-être trouvé un meilleur endroit pour recréer un meilleur site internet, plus lisible, plus léger, plus beau et, en prime, totalement gratuit.

Janvier m'a offert des scènes d'hiver féérique comme nous n'en avions plus depuis longtemps, des paysages givrés, ciselés, nacrés de rose, des festins d'oiseaux autour des mangeoires sur le balcon, et bientôt les dix-huit ans de mon grand, ce magnifique garçon qui se transforme peu à peu en homme. Aurais-je pris le temps de m'arrêter sur tout cela si j'avais eu la tête dans le guidon ? Si les circonstances ne m'avaient pas intimé : "Arrête-toi ?" Je repense à ce texte écrit il y a longtemps (2014) pour quelqu'un d'autre...

Alors, non, c'est vrai, je ne peux pas affirmer avec certitude que la vie m'aime, nous aime.

Je préfère simplement le croire, parce que ça rend mon passage ici plus doux, plus léger,  parce que ça lui donne plus de sens, et aussi parce que ça me donne plus envie d'être là, de m'investir dans ce que je fais, d'être présente pour les autres, de créer du beau, du lien, du vivant.

Et à bien y réfléchir, vraie ou non, je trouve cette raison suffisante.

 

 

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