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Rédigé par Sylvie PTITSA 2 commentaires
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Je pense à ceux qui arrivent dans un pays étranger, hostile, avec pour seul bagage l'espoir d'une vie meilleure. Nous recherchons tous cela. Combien de nos amis ont quitté le sud de l'Italie pour aller au nord, ou pour s'installer à l'étranger ? Rien qu'à cette table, nous avons des frères, des enfants, des petits-enfants qui sont partis vivre ailleurs. Par nécessité. Que nous racontent-ils, lorsqu'ils rentrent ? Ils nous disent combien c'est dur d'être loin de chez soi, mais qu'ils n'avaient pas le choix. (...) Comment réagirions-nous si nos amis nous disaient qu'ils ont été maltraités, rejetés, stigmatisés parce qu'ils étaient étrangers? (...)

L'image de notre pays est salie à l'international. Nous sommes ceux qui ferment nos ports, nous sommes ceux qui ont mis l'extrême-droite au pouvoir. Montrons que les Italiens sont encore ces gens accueillants et bons. Montrons que notre coeur est encore ouvert aux autres. Je me fiche bien de savoir pour qui vous avez voté. Je ne vous parle pas de politique, mais de vies humaines."

 

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Je viens de le finir. Ma mère m'avait fait découvrir "Ciao bella", que j'avais adoré. J'ai lu ensuite "Sarà perché ti amo", qui m'a déçue : j'ai trouvé les personnages stéréotypés, sans profondeur, et le texte très convenu. Heureusement, j'avais acheté en même temps "Mamma Maria", et là, j'ai retrouvé l'humour du premier livre et voyagé en Italie sans sortir de mon lit. Si vous n'avez pas le temps de tout lire, je vous conseille au moins le dernier tiers, quand un quatuor d'Italiens entre 65 et 82 ans découvrent Paris, le métro, les pâtes et le café à la française. La scène au restaurant gastronomique est à hurler de rire ! Si vous aimez l'Italie et les Italiens, si vous avez envie de les découvrir du point de vue d'une native qui s'est acclimatée à la France... plongez !


 

Côte à côte (7)

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Côte à côte (7)

 

Les bretelles du sac me scient les épaules, et je commence à avoir des crampes aux mollets, mais je dois encore avaler quelques kilomètres avant de trouver un hébergement hors de la ville. Sur ma droite, la mer et son extraordinaire camaïeu de bleus. Sur ma gauche, une enfilade de plages, presque toutes identiques : des parasols à la verticale, des transats à l’horizontale… repère orthonormé basique du tourisme de masse. Des hommes et des ombrelles à la perpendiculaire, seule change la couleur du mobilier de plage, jaune ici, bleu là.

Peut-on vraiment passer ses vacances ainsi, avoir plaisir à se faire griller du matin au soir comme une tranche de lard, un côté, puis l’autre, de nouveau le premier côté, puis l’autre… ? Sans compter qu’à évaluer la couleur de certaines tranches, elles auront bientôt rendez-vous avec le dermatologue et/ou le chirurgien. Se faire rôtir comme un cochon à la broche pendant son unique congé annuel, alors qu’il y a tant de cultures à découvrir, tant d’architectures fascinantes, tant de merveilles à voir partout à la surface de la planète ?

Je dois être trop jeune pour comprendre. Quand j’aurai un déambulateur (même si j’espère ne jamais en avoir besoin…), je serai peut-être content de pouvoir encore profiter du soleil et du vent marin, allongé sur un transat, plutôt qu’enfermé dans une maison de retraite ou une chambre d’hôpital. Je ne juge personne. C’est seulement que ça ne m’attire pas, mais alors pas du tout… Je ne réussis même pas à m’imaginer passer ainsi mon temps. Avec les enfants, même tout petits, on a toujours voyagé, on s’adaptait, on trouvait important qu’ils découvrent le monde, eux aussi.

J’ai commencé à marcher l’année de ma retraite. Pour ne pas m’ennuyer. Pour ne pas déprimer. Pour conserver la forme. Pour faire le point… Je suis parti trois mois, sac au dos, tout seul, sur le chemin de Compostelle. Une aventure qui m’a transformé à vie. Le rythme, la lenteur, les paysages, les rencontres… le face à face avec soi-même, avec les éléments… s’en remettre à la providence pour trouver un gîte, un couvert. Apprendre, réapprendre l’abandon et la confiance, après un demi-siècle passé à servir le monde de la programmation et du contrôle. Enfin, de l’illusion de contrôle, parce qu’à bien y réfléchir, on ne contrôle pas grand-chose, plus on avance en âge, plus on le sait…

Compostelle m’a surtout réappris la liberté. Une saveur totalement oubliée dont je ne pourrais plus me passer. Quand j’ai eu atteint Compostelle, je suis reparti. Il existe plusieurs voies, chacune traversant une partie différente de l’Europe, jusqu’à ce point de convergence. Chaque fois, d’autres décors, d’autres cultures, d’autres rencontres… Ca m’a occupé plusieurs années. Je ne pouvais plus décrocher. Quand j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de Compostelle, même si on n’en fait jamais le tour, je suis parti sur le chemin de Rome, puis sur le Tóchar Phádraig en Irlande, le Franziskusweg-Krk en Croatie… Ensuite, je me suis aventuré plus loin, sur le Caminho da Fé au Brésil, le Chemin de l’Inca au Pérou… J’aurais pu aller vers Jérusalem, mais je ne cherchais pas forcément des itinéraires religieux, plutôt des parcours imprégnés d’histoire et de culture : je suis curieux par nature, aller à la rencontre des hommes, au présent ou dans le passé, me passionne.

Pour mon prochain périple, j’ai envie de marcher sur la route de la soie. Partir peut-être de Venise, visiter Samarcande, pousser jusqu’à la Chine ?… La remonter en sens inverse, comme je remonterais le fil du temps. Comme si, à travers l’Histoire, je remontais la mienne, vers une nouvelle naissance.

 

                                                                                                                                       Lire les autres "Côte à côte"

 

Côte à côte (6)

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Côte à côte (6)

 

« Ma côte d’agneau n’est pas cuite ! C’est un scandale ! »

Le serveur a rappliqué aussitôt, pire que si on l’avait menacé de lapidation imminente. Il brassait l’air comme un ventilateur, tentant probablement de calmer le client. Celui-ci ne voulait rien entendre, il continuait à vociférer :

« Si elle était correctement cuite, l’os devrait se retirer de la viande sans difficulté ! Un os de côte d’agneau, c’est comme ta queue dans une femme, ça doit entrer et sortir tout seul ! »

Le serveur était plus rouge que la côte mal cuite. Il avait affaire à un raffiné. J’étais un peu trop loin pour l'assurer, mais je crois qu’il commençait à transpirer.

Le client continuait à secouer vigoureusement la côte en signe de protestation, pour bien montrer que ça ne sortait pas. S’il faisait pareil avec les femmes, mieux valait pour elles ne pas toucher à l’os de son caleçon.

Décidé à sauver sa peau, le serveur écarlate jouait sa dernière carte : il pointait du doigt en direction des cuisines (pour accuser le cuisinier ? proposer de recuire la côte ? expliquer que c’est dans la souris d’agneau que l’os doit se détacher, pas les côtelettes ? Ou appeler des renforts pour embrocher le récalcitrant et le passer au grill avec sa viande ? …). Le gars n’a même pas attendu. Il est sorti du restaurant en claquant la porte, laissant son assiette intouchée sur la table. Le fumet de la côte fumante parvenait jusqu’à moi et me faisait saliver, même avec la porte fermée. J’étais posté près d’un transat jaune et ne perdais rien de la scène à travers la baie vitrée du restaurant.

En principe, je n’avais pas le droit de me tenir là, mais le personnel de l’hôtel était occupé par le service du déjeuner et personne ne prêtait attention à moi, ni les clients, ni les employés. Je tenais peut-être une aubaine. Si j’avais de la chance… si j’avais de la chance, ils jetteraient la côte d’agneau encore toute chaude et gorgée de jus de viande à la poubelle, dans l’arrière-cour du restaurant, et si je réussissais à me faufiler discrètement jusque-là, je mangerais à ma faim aujourd’hui, mieux que des reliquats avariés et souillés, mieux que des ordures à trier, mieux que des restes déjà rongés par d’autres, un succulent festin oui, un vrai menu de roi qui ferait disparaître un peu les miennes, visibles sous ma peau, de côtes. Parce que quand on vit dans la rue, on ne mange pas tous les jours à sa faim, encore moins propre, et encore moins choisi. C’est la rue qui décide du menu, pas toi.

Je me suis mis en marche vers l’arrière-cour, je connaissais bien le chemin, je me ravitaillais souvent là-bas, de nuit, quand je pouvais fouiller les poubelles tranquille. Evidemment, je n’étais pas le seul, il fallait partager avec les autres, défendre son bifteck, enfin, ses épluchures… Mais là, en plein midi, je serais seul, j’aurais tout pour moi, saignant, charnu, odorant, presque tombé du ciel directement dans la gueule… c’était mon jour de chance, nom d’un chien ! La truffe au vent, j’ai trottiné de toute la vitesse de mes quatre pattes vers l’objet de mon désir. Je n’avais pas encore trouvé la belle, mais je ne me sentais déjà plus rien d'un clochard.

 

 

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"A quoi ça sert l'amour ?"

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Comme je le disais à mon fils en la réécoutant : "la chanson est ancienne mais les paroles sont toujours d'actualité !". Et quand on connaît la vie d'Edith Piaf, on sait, on sent,  combien ce qu'elle chante est pour elle une réalité...

J'ai trouvé que c'était un choix tout indiqué pour le 9 août, jour de la Saint Amour... et anniversaire de ma Lutinière. Créé en 2009, le site fête ses 14 ans aujourd'hui !

 

 

 

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