Je poursuis le défi d'écriture que je me suis lancé à moi-même (oui, je suis assez zinzin pour me défier moi-même, et pendant les vacances !). Il consiste à écrire plusieurs textes d'après une même image, sous un titre commun : "Côte à côte".
J'en avais déjà écrit deux et cette plage aux parasols jaunes agit sur moi comme une malle aux trésors : elle m'inspire une foule de situations et de personnages différents, comme une scène de théâtre où se succèderaient des saynètes, des tranches de vie miniaturisées.
Je vous laisse découvrir les suivants. Je m'amuse comme une petite folle et j'espère que vous aussi, à me lire. Ca va devenir mon feuilleton de l'été... Comme on dit au cinéma : "Toute ressemblance avec des personnes réelles serait purement fortuite". Ou pas ?...
Misogynie à part, le sage avait raison Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison En foule elles se pressent Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées Et puis, très nettement au-dessus du panier Y a les emmerderesses
La mienne, à elle seule, sur toutes surenchérit Elle relève à la fois des trois catégories Véritable prodige Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou Elle passe, elle dépasse, elle surpasse tout Elle m'emmerde, vous dis-je
Mon Dieu, pardonnez-moi ces propos bien amers Elle m'emmerde, elle m'emmerde, elle m'emmerde, elle m'emmerde, elle abuse, elle attise Elle m'emmerde et j'regrette mes belles amours avec La p'tite enfant d'Marie que m'a soufflée l'évêque Elle m'emmerde, vous dis-je
Elle m'emmerde, elle m'emmerde, et m'oblige à me curer Les ongles avant de confirmer son cul Or, c'est pas Callipyge Et la charité seule pousse ma main résignée Vers ce cul rabat-joie, conique, renfrogné Elle m'emmerde, vous dis-je
Elle m'emmerde, elle m'emmerde, je le répète et quand Elle me tape sur le ventre, elle garde ses gants Et ça me désoblige Outre que ça dénote un grand manque de tact Ça ne favorise pas tellement le contact Elle m'emmerde, vous dis-je
Elle m'emmerde, elle m'emmerde , quand je tombe à genoux Pour certaines dévotions qui sont bien de chez nous Et qui donnent le vertige Croyant l'heure venue de chanter le credo Elle m'ouvre tout grand son missel sur le dos Elle m'emmerde, vous dis-je
Elle m'emmerde, elle m'emmerde, à la fornication Elle s'emmerde, elle s'emmerde avec ostentation Elle s'emmerde, vous dis-je Au lieu de s'écrier : " Encore ! Hardi, hardi ! " Elle déclame du Claudel, du Claudel, j'ai bien dit Alors ça, ça me fige
Elle m'emmerde, elle m'emmerde, j'admets que ce Claudel Soit un homme de génie, un poète immortel J'reconnais son prestige Mais qu'on aille chercher dedans son œuvre pie Un aphrodisiaque, non, ça, c'est de l'utopie Elle m'emmerde, vous dis-je !
D'après une croyance populaire, les chats ont 7 vies. Les humains, une seule. Aujourd'hui, en fin d'après-midi, profitant d'une éclaircie entre deux averses (enfin !), je suis sortie marcher dans la nature, derrière chez nous. Le vent soufflait très fort. J'adore le vent. Mais... entre l'aller et le retour, sur le chemin que j'avais suivi, il avait cassé une branche. Huit mètres de long et environ dix centimètres de diamètre, la branche. Si elle était tombée au moment où je passais à cet endroit, je serais aux urgences... ou au ciel.
J'ai poussé la branche hors du chemin pour qu'elle ne fasse pas tomber à son tour un cycliste, un skater ou une poussette (tant de parents aujourd'hui "promènent" leur enfant téléphone en main, les yeux rivés sur leur écran, sans un regard ni une parole pour l'occupant(e) du landau ou de la poussette...).
Je ne sais pas si les chats ont 7 vies, mais j'aime à penser que tous, nous avons droit à autant de vies que nécessaire pour devenir conscients et aimants (je crois que l'un ne peut aller sans l'autre). Pas en mode jeu vidéo : "same player plays again". Mais avec autant de vies uniques qui constituent, chacune, autant d'expériences uniques.
Il m'en faudra bien plus de sept. A chaque pas, la mort, cette alliée, cette compagne, cette amie et conseillère irremplaçable, me rappelle d'apprécier chaque instant de chaque vie, quel que soit leur nombre.
Y compris quand je sors pour une simple promenade sur un sentier familier, juste derrière chez nous.
Texte écrit d'après cette image de source inconnue, trouvée sur internet
J'ai passé tant de temps à t'attendre. Attendre que tu trouves le temps. Attendre que tu me coinces entre la poire et le fromage, dans ton quotidien sanglé jusqu'à l'asphyxie d'urgences prioritaires. Attendre que tu aies le temps de répondre à mes questions, de répondre à mes messages, de me donner de tes nouvelles. Attendre que tu trouves le temps de m'adresser la parole, tout simplement.
Peut-être à tort, j'ai considéré que parce que tu étais l'affairé, et moi la disponible, c'était à moi de m'adapter. A moi d'aménager mes horaires. A moi de hiérarchiser mes priorités en te mettant au sommet, en t'accordant la meilleure place. Ca me semblait naturel, puisque tu étais important. Puisque j'avais envie de te retrouver et de pouvoir passer du temps avec toi. Je pensais naïvement que tu ferais de même, puisque je pensais être importante pour toi aussi.
On ne peut pas vivre avec un courant d'air. Avec quelqu'un qui n'a le temps de dire ni bonjour, ni bonsoir; qui archive mes messages sans y répondre comme si c'étaient des spams; qui est heureux que je fête nos anniversaires de rencontre, mais ne me les souhaite jamais. Je ne peux pas continuer à me tourner le dos. A vivre de dos, sans regarder en face que ça me fait mal d'être traitée ainsi et que je mérite mieux que l'absence.
Alors, à partir d'aujourd'hui, je ne m'adapterai plus. Je ne t'attendrai plus. Je ferai comme toi, je vivrai ma vie en donnant priorité aux autres personnes, aux autres activités, et on verra bien au bout du compte s'il reste du temps pour nous. Car moi aussi je suis capable de me construire une existence bien remplie et largement occupée; j'avais seulement commis l'erreur d'y créer un espace libre pour toi. Pour nous.
On peut trouver un équilibre si on est deux à le vouloir. On peut communiquer si on est deux à le vouloir. Pour ma part, je ne sais pas pratiquer à sens unique. Je n'en vois pas non plus le sens.
J'ai fini de vivre de dos. Je ne resterai plus assise à t'attendre. Aujourd'hui, je vais me faire belle, sortir dans la pleine lumière et jouir de la vie jusqu'à la moëlle. Avec ou sans toi. Tu pourras choisir. Je me choisis, moi.
A partir d'aujourd'hui, et pour tous les autres jours qui me restent, je choisis d'être heureuse.