J'ai même fini par retrouver l'envie de reprendre notre "journal de bord", d'écrire la suite de ce roman qui n'en est pas un . Je le vérifie une fois encore : notre communication à l'octave et celle du plan incarné sont interdépendantes. Quand la première est assurée, j'ai immédiatement l'impulsion de revenir écrire ici, et même avec plaisir. Dès que la respiration d'amour s'interrompt, nos échanges dans notre plan cessent aussi, ou se heurtent à toutes sortes de difficultés.
Pourquoi avons-nous traversé cette phase de tam tam intermittent et, par moments, presque inexistant ? N'avions-nous pas suffisamment la maîtrise de notre outil , de notre véhicule hermaphrodite ? Avons-nous été attaqués par les joueurs d'en face ? Etait-ce une phase nécessaire de notre "initiation alchimique" (si c'en est une) par laquelle nous devions passer pour tester et renforcer nos capacités ? Ce soir (12 novembre), je n'ai même pas envie de me poser de questions. Je suis à nouveau dans cet état de grâce que j'ai connu plusieurs fois au bozzolo. Mon amour dort. J'écris. Je me sens vibrante d'un bonheur absolu, total, sans cause précise. J'ai envie d'embrasser la vie et de lui dire merci de m'avoir permis d'être là, de faire partie de cette expérience-là, complètement folle, tellement magique. Stromboli va bien, il respire paisiblement et, contrairement aux soirs précédents, notre contact ne s'est pas atténué au fur et à mesure qu'il montait dans les octaves. Je le sens toujours au loin, je le tiens par le coeur comme un cerf-volant magnifique tandis qu'il plane, là-haut, très loin, et en même temps sensible comme s'il était tout à côté. Par le fil du cerf-volant, de l'altitude où il est, il me pulse cet amour extraordinaire qu'il émet dans son sommeil, tellement profond, pur, intense, que parfois j'en pleure... de bonheur. Ce soir, je ne pleure pas. Je suis juste là, confite de gratitude, à écrire ces quelques mots en attendant d'aller le rejoindre à l'octave, ou en attendant qu'il se réveille d'ici quelques heures. Je me sens roulée et pétrie dans la béatitude comme un loukoum dans le sirop de roses. "Ce n'est pas très chinois, Polveriera, le loukhoum, tu t'empêtres à nouveau dans la géographie. -On s'en fout : c'est bon et ça suffit !!"
|