Noir et rouge

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Lutine sur TV8 !

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Un tout grand merci à l'équipe de TV8 en général et à Rodolphe Wagner en particulier  ! Cliquez sur l'image pour voir le reportage complet sur le site de TV8 Moselle Est. Un petit bijou... gratuit !

 

 

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Côte à côte

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Je poursuis mon voyage en images le long des côtes italiennes. Si vous avez envie de découvrir plus avant la Ligurie, je vous conseille cette vidéo du magazine français "Echappées belles" et, en italien, le blog "Foto Vagabonde" d'Emanuela, passionnée de sa région, qui nous la fait découvrir pas à pas.

Pour cette nouvelle photo, j'ai écrit deux textes très différents. Je trouvais intéressant de garder le même visuel et le même titre, la même forme littéraire aussi (nouvelle dont le narrateur s'exprime à la 1e personne) tout en explorant deux possibilités presque opposées. Je vous laisse découvrir en cliquant sur les 2 titres, sous la photo ! 


Côte à côte

 Côte à côte (1)

Côte à côte (2)

 

Côte à côte (2)

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Côte à côte (2)

 

Voyons, voyons, qui va s’installer à côté de moi aujourd’hui ? Hier, ce n’était pas mon jour de chance. Le matin, j’ai eu Moquette, un habitué poilu du dos à s'y sécher les pieds. Il vient en général accompagné de son fils, que j’ai baptisé Tapis de bain. Je verrai en fin de puberté si je dois adapter son surnom à sa pilosité définitive. En sandwich entre eux deux, c’est sûr, on doit se sentir comme dans un sac de couchage inuit fourré ours polaire. Ils ont squatté leur chaises longues tout le matin, même pas mis le bout d’un orteil dans la mer. Et léché des Eskimos, en prime.

 

Après eux, j’ai eu une nouvelle, une dame charnue qui a passé l’après-midi à l’ombre à se tartiner de crème solaire et à se retourner sur son pliant en poussant de petits cris et des soupirs un peu rauques dont je n’ai pas pu identifier si c’étaient des ronflements : son visage bouffi disparaissait aux trois quarts sous un gigantesque chapeau de paille, plus proche du sombrero que du canotier. A voir la couleur de sa peau, peut-être une de ces Anglaises qui virent en quelques heures au vanille fraise, quand ce n’est pas au vanille framboise ou vanille cassis, suivant l’indice de leur crème solaire et la fréquence du tartinage. Avec ses bourrelets huilés et ses couinements poussifs, elle me faisait penser à un phoque. Ou alors, c’est une de ces Bavaroises aux fesses aussi mafflues que celles de leurs vaches. Non, elle n’a pas commandé de bière de l’après-midi. Donc, pas une Hollandaise non plus. Je penche pour une Flamande ascendant otarie. Une Viking croisée pinnipède (ses pieds étaient affreux, en plus, avec des ongles cassants, mal taillés, mal vernis… une horreur !). Une walkyrie de lignée morse, ou éléphant de mer.

 

C’est incroyable, quand même, comme je voyage et découvre les cultures sans quitter ma place. J’ai déjà fait, au moins, le tour du monde. On ne s’ennuie jamais quand on… ah ! L’aubaine ! Mazette ! Gloria ! Aujourd’hui, c’est Byzance ! Une Italienne, une vraie ! Soignée, maquillée, coiffée, épilée jusqu’au maillot, super bien roulée, en plus ! Je vais m’en mettre plein les mirettes avec son bikini rikiki, et recto verso : le bas est un string ! Waouuuuuuh ! Alleluia ! Revers de fortune ! Tous les saints sont de mon côté, ou tous les seins, enfin, surtout les siens ! Madonna mia ! Quels melons ! Quelle pulpe ! Je vais veiller sur elle, raide comme un garde du corps, droit comme un i. Je vous le disais : il faut se montrer patient, mais on ne s’ennuie jamais à la plage. Rien de plus excitant qu’une vie de parasol !

 

Côte à côte (1)

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Côte à côte (1)

 

Le matin, la plage est encore calme. C’est mon moment préféré de la journée. Les pêcheurs silencieux observent la vie du quartier depuis la jetée tout en surveillant leurs flotteurs du coin de l’œil. A bord de son petit bateau blanc, dont le sillage, momentanément, coupe à angle droit l’eau tranquille, Luigi rentre de sa sortie matinale. J’arrange les chaises longues et les parasols jaunes et blancs dans un alignement impeccable, digne d’un défilé militaire un jour de  fête nationale. J’y mets un soin particulier, parce que j’aime le travail bien fait, mais aussi parce qu’il y a quelque chose de rassurant à cet ordre parfait, à cette sérénité que rien ne trouble, pas même les cris des oiseaux de mer. Les clients de l’hôtel vont à l’espace wellness, la plupart préfèrent l’eau douce de la piscine et la proximité du sauna à l’eau salée, mêlée de sable et d’algues, qui poisse la peau.

 

La plage, au matin, est mon espace wellness. L’espace où, quelques précieux instants, réfugié dans une bulle en apesanteur dans l’air marin encore doux et frais, je m’offre un soin délassant de torpeur béate hermétiquement close. Là, j’oublie ceux qui sont tombés du bateau. Ceux restés au pays. Ceux parqués au centre de rétention. Ceux tombés aux mains des passeurs sans scrupules, ceux qui attendent la rançon de leur famille pour sortir des geôles de leurs tortionnaires. Moi, j’ai la chance d’être sain et sauf, d’avoir pu trouver du travail ici. Au noir, comme ma couleur de peau, celle qui ne plaît pas à certains clients de l’hôtel qui s’adressent à moi sans respect ou m’ignorent délibérément, me préférant le personnel maghrébin basané mais moins « foncé ». Que m’importent le mépris, les vexations ou même, parfois, les insultes ? Je suis vivant. J’ai rallié un pays libre où je profite, chaque matin, de mon espace wellness privé. A la fin du mois, je pourrai envoyer un peu d’argent à la famille et, si Dieu veut, ils viendront me rejoindre ici un jour. Ils quitteront, un à un, l’enfer de feu, de fer et de sang qu’est l’Erythrée. Je salue la grâce de pouvoir danser sur la corde raide, même si c’est sans filet, plutôt que d’avoir dû me la passer au cou pour me pendre.

 

 

29.06.23

Inspiré de l'article Ils en parlent – Voyage en barbarie (wordpress.com) (âmes sensibles, s'abstenir !)

Heureusement, il y a aussi LIMBO – RÉPARER LES SURVIVANTS (limbo-asso.com)...

 

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