Atelier d'écriture : "Il était une fois un pays..."

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Après avoir écouté et commenté mon dernier texte inédit pour les enfants, "Seize millions d'étoiles", les CE1-CE2 de l'école Elie Reumaux à Freyming Merlebach (classe de Mme Tchanilé) sont devenus auteurs à leur tour! Chaque binôme de 2 enfants (un CE1 et un CE2) a écrit un début d'histoire construit de la même façon que le début de la mienne. Pour cela, ils devaient :

-construire des énumérations avec des mots qui riment, si possible en changeant de rime à chaque nouvelle phrase.

-inventer une monnaie et lister des objets de valeur croissante qu'on pourrait acheter avec cette monnaie.

-mettre les majuscules, la ponctuation (virgules dans l'énumération) et aller à la ligne à chaque phrase, comme dans un poème.

En savoir plus sur le programme complet de notre journée

 

Outre le travail d'orthographe, grammaire, vocabulaire, expression écrite... c'était aussi une réflexion autour de l'imaginaire et de la valeur des choses, une notion souvent floue pour des enfants de cet âge (7-8 ans) qui n'achètent pas encore, ou peu de choses, par eux-mêmes : qu'est-ce qui coûte cher, peu cher, moyennement cher ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui n'a pas de prix et qu'on ne peut pas acheter ?

 

Je publie ci-dessous 3 textes : ceux de Kylian et Alexandre; Martin et Emmy; Valentine et Garance; vous pouvez aussi entendre Lizea lire le sien (co-écrit avec Lenny) dans le reportage de TV8. Pour découvrir l'ensemble des textes, feuilletez l'album ici !

 

Bravo à toutes les jeunes plumes !

  

Il était une fois un pays...

 

 

Il était une fois un pays...

 

 

Il était une fois un pays...

 

Et pour lire le mien ? Haha, comme le livre n'existe pas encore, il faut m'inviter pour l'entendre !!

Rosace alchimique

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Avec la fin d'année scolaire, je retrouve plus de temps libre pour créer : beaucoup de mes élèves sont en excursion ou, pour les plus grands, ont fini leurs examens, et j'ai moi-même terminé depuis mai mon 4e et dernier cours de luxembourgeois.

C'est avec bonheur que j'ai retransformé mon salon en atelier et ressorti les encres, le papier aquarelle, la colle, les ciseaux et les perles. J'ai réalisé cette semaine ce tableau intitulé "Rosace alchimique". Je ne le mets pas en vente car je souhaite l'encadrer et le garder chez moi, il est lié à une histoire particulière qui lui donne une valeur unique. Mais si vous aimez mon travail, il me reste quelques créations en boutique ! (Me contacter? Ici!)

Les perles, irisées, changent de couleur à la lumière et le résultat est toujours plus beau en réalité qu'en photo, mais voici tout de même un aperçu. Actuellement, je travaille aussi sur une nouvelle collection de marque-page intitulée "D'encre et de plume" et sur les illustrations de mon dernier texte pour les enfants, "Seize millions d'étoiles". Ce n'était absolument pas prévu, l'inspiration m'est venue cette semaine, je vous raconterai comment dans un autre article !

Comme toujours, créer va beaucoup plus vite dans mon imagination qu'entre mes mains et j'aimerais avoir des journées de 72 heures. Mais je m'amuse comme une lutine ivre de couleurs et cette ivresse-là ne rend pas malade et n'empêche pas de voyager, bien au contraire ! 


 

 Copyright  : Sylvie PTITSA (juin 2023)


Lontano (loin)

Rédigé par Sylvie PTITSA 1 commentaire
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L'imaginaire est la plus belle des agences de voyage. On part pour n'importe où dans le monde (ou même hors du monde !), n'importe quand, le temps qu'on veut, aussi souvent qu'on veut. Pas de frais, pas de valises à l'aller, pas de linge sale au retour, pas de formalités administratives, pas de vaccins, pas d'embouteillages, pas de mal des transports, pas de trains en retard, pas de vols annulés, pas de pick-pockets, pas de gêneurs, pas de malotrus (sauf si on décide qu'on en veut pour pimenter l'aventure). Je ne m'en lasse pas. Je suis époustouflée par ce cadeau magique, illimité, inépuisable.

Hier, je republiais un ancien texte né d'un vrai voyage. Dans la soirée, j'ai regardé une vidéo sur la Ligurie, où je ne suis jamais allée. Ca m'a donné envie de m'y rendre par l'imaginaire. J'ai pêché une photo sur Internet et voilà ce qui est sorti.

 

Photo : Marek 7400 - www.expedia.fr

 

On s’était promis qu’un jour, on irait sur le rocher ensemble, tu te souviens ? A la nage, à la rame, avec nos bouées ou sur une embarcation de fortune, en yacht si on devenait riches, en canot à moteur ou en pédalo… On s’en est pris des roustes à tenter d’y accoster encore et encore, parfois au péril de nos vies ; on s’en est cogné des dimanches consignés dans notre chambre pour avoir de nouveau tenté l'aventure.

 

Si loin que remontent mes souvenirs, le rocher a toujours été le point de convergence de nos rêves, le creuset de nos fantasmes les plus fous.

 

Enfants, nous nous projetions, pirates, dans ses criques déchiquetées pour y enfouir notre trésor, bravant les squales ; nous débarquions sur ses plages étroites en explorateurs intrépides pour finir ligotés à une broche par des cannibales ; nous nous jetions de liane en liane dans la jungle intérieure qu’il ne pouvait manquer d’abriter, cachée dans le cratère d’un volcan ou dans une cavité souterraine luxuriante.

 

Adolescents, il a accueilli nos premiers émois imaginaires, nos premières rêveries romantiques avec baisers sous les palmiers, promenades main dans la main au clair de lune sur le sable scintillant…  et nos premières solides érections, qu’il a eu l’amitié de garder secrètes.

 

Jeunes hommes, il est devenu le théâtre de scènes passionnées où nous trouvions refuge à son sommet, dans ce que nous pensions être les ruines d’un château, pour caresser les seins des filles et les embrasser à pleine bouche, loin de la morale pudibonde et du carcan de l’église Sainte Nitouche. Il était une enclave de résistance aux coutumes obsolètes, une zone de non-droit pour la pruderie déplacée, où il était permis de vivre nus et de faire l’amour sur la plage… je rigole quand j’y songe, haha ! L’amour dans le sable, c’est comme dans le foin : il n’y a que ceux qui n’ont jamais essayé que ça fait fantasmer !!

 

Adultes,… adultes, la vie "réelle" nous a  arrachés brutalement à sa force d’attraction magnétique pour nous rappeler aux "dures réalités de l’existence". Tu as quitté le village ; j’ai commencé à travailler. A toi la carrière, les voyages, l’installation à l’étranger ; à moi les petits boulots, selon ce que m’offrait le quotidien local : mécano, cordonnier, aide-boulanger, livreur, serveur, facteur… factotum ! J’ai tout fait : j’apprenais sur le tas, et pour les études, de toute façon, ma famille n’avait pas le budget.

 

Longtemps, j’ai songé à tout ce que nous ferions lorsque tu reviendrais, et comment nous pourrions, enfin, nous rendre sur ce fameux rocher. Les années ont passé, tu n’es pas revenu : ni pour Domenico après son accident, ni pour les funérailles de ton père, ni pour aider ta mère quand elle a commencé à ne plus être autonome. C’est nous, au village, qui l’avons épaulée.

 

Qu’est-ce qui pouvait te retenir si loin, si fort, pour que tu ne rentres pas, même pour ces priorités-là ? Ton travail était-il si prenant, si exaltant ? Bien sûr, tu as sûrement une voiture splendide quand je n’ai qu’un vieux vélo ; tu possèdes la télévision dernier cri que me réclament mes enfants, et tu as de quoi financer de brillantes études aux tiens. Le cycle se répète. A vous l’opulence, à nous l’épargne…

 

Mais quand j’y réfléchis, quand je repense à ces rares photos que m’a montrées ta mère, y as-tu gagné vraiment ? Es-tu heureux, là-bas, dans ton pays de banques, de grues et de gratte-ciel, dans ce bureau presqu’entièrement vitré qui n’ouvre que sur des immeubles vertigineux et quelques pans de ciel gris, brouillé par les gaz d’échappement et les fumées de l’industrie ? Te rappelles tu les bleus intenses du ciel et de la mer d’ici, le parfum capiteux des pins et le concert entêtant des cigales, les soirs d’été ? Te rappelles tu le ravaudage des filets en communauté, le ventre rebondi des barques colorées, le chant des cloches du campanile, les odeurs de café au petit matin dans les ruelles encore humides et fraîches, quand les commerçants lessivent leur devanture en sifflotant ?

 

Voilà ce que je te demanderais si tu revenais un jour, voilà ce que j’aimerais t’entendre me dire, quand les ans nous auront courbés, quand nous nous assoirons à notre tour sur un banc pelé du front de mer, les mains croisées sur la canne, le menton sur les mains, les yeux dans le vague et les vagues.

 

Les jours passent sur notre rocher sans l’user, seule s’use mon attente, ou peut-être mon envie, de te voir rentrer. Peut-être est-ce mieux ainsi : que le rocher reste cette île utopique et lointaine, posée en équilibre sur l’horizon, vacillant entre passé et présent, enfin accessible, jamais explorée, cette île meilleure de n’être jamais atteinte pour nous tirer en avant et nous faire voyager loin.

27.06.23

 

Il gelato (écriture à 4 mains)

Rédigé par Sylvie PTITSA Aucun commentaire
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En 2008, durant notre voyage dans le Nord de l'Italie, je postais régulièrement des photos sur mon blog de l'époque ("Graines d'espérance") et proposais aux lecteurs d'imaginer des textes inspirés des images.

Ecrire à partir d'un support visuel (ou sonore !) est un jeu que j'aime proposer dans mes ateliers ; ici, le texte a été co-écrit avec une autre blogueuse, Lady Angel. Elle l'a commencé (partie en italique) et je l'ai poursuivi et fini à partir du point où sa plume s'était arrêtée.

Ecrire à plusieurs mains est une autre expérience que j'aime tenter, moins facile qu'il n'y paraît car il faut que les deux styles s'harmonisent sans laisser paraître les "jointures" du texte !

En faisant ma leçon d'italien, hier, j'ai repensé à cette série de photos et eu envie de republier ce texte. Vous pouvez lire ceux de Lady Angel sur son blog de l'époque,"L'écritoire". 

 

 


Je me souviens. Il faisait chaud, très chaud. Comme toujours dans les rues de notre village. Maman avait eu un peu plus de temps que d'ordinaire pour venir me chercher à la sortie de l'école. J'étais fou de joie. Je la voyais si peu. Nos horaires ne concordaient pas souvent et si nous courions après le temps, nous courions aussi souvent après nous mêmes.
Papa devait nous rejoindre après être passé au garage pour faire la révision des 15 000.
On s'était assis sur le premier banc qui s'était offert à nous. Qu'est ce que je la trouvais jolie ma maman. Jolie comme une friandise.
Elle s'est levée, a sorti un porte monnaie miteux de son sac et s'est précipitée sur le marchand de glaces qui passait. A la volée, elle m'a demandé quel parfum je souhaitais et après qu'elle m'en eut énuméré une bonne dizaine, elle choisit elle-même devant ma mine dépitée. Le pire restait à venir !
Elle ouvrit son porte-monnaie et compta son menu butin.... Deux pièces, deux malheureuses pièces se volaient la vedette contre le cuir, mais rien qui suffit à payer sa dette au vendeur. Ca allait fondre. L'homme lui tendit le cornet. Elle bafouilla. Bredouilla que son mari allait la rejoindre, et se confondit en excuses. L'homme sourit, moi pas.
Maman reprit sa place à mes côtés, confuse et pleine de principes. Face au vendeur, elle n'osait rien faire...
Et si papa ne venait pas???
Elle ne me regarda pas et fixa son regard sur le bout de la rue pendant de longues minutes; pendant de trop longues minutes...
Il faisait si chaud.


Ils m'attendaient. Mes deux trésors. Ils m'attendaient. Fallait que je speede, que je mette la gomme. Oui mais...
Pas facile de tracer dans les ruelles étroites du village, avec les touristes agglutinés devant les vitrines qui barraient le passage. Pas facile de me faufiler parmi les attroupements de curieux et de promeneurs qui, eux, pouvaient prendre le temps de vivre.
Et ces pavés inégaux, ils n'allaient jamais se décider à les aplanir, à goudronner tout ça ? Et ces trottoirs irréguliers, bancals ? Jamais praticables de toute façon, encombrés l'été, glissants l'hiver...
Ils m'attendaient. J'allais être en retard. Je suais sang et eau sur mes deux roues.
Pas facile de me frayer un chemin dans cette cohue indifférente.
Pas facile de traverser une ville pas équipée pour un fauteuil roulant...

Ils étaient là... au loin.
Ca valait toute l'eau et tout le sang du monde.

 

 

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