Bouts-rimés sur la machine à écrire

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Le 22 janvier 2025, je retrouvais les enfants de la Classe Bleue à l'école Montessori de Strassen (Luxembourg) pour un nouvel atelier d'écriture. Je leur ai proposé le jeu du bout-rimé : écrire un sonnet à partir de rimes imposées. Notre thème du jour était la machine à écrire.

Avant ma venue, les enfants avaient visionné en classe plusieurs vidéos sur cette invention : son mécanisme, son histoire, ce qu'elle a révolutionné dans le quotidien des gens... Nous avons listé au tableau leurs connaissances, puis chaque groupe a choisi ses rimes et composé son sonnet d'après la structure donnée. Et voilà le joli résultat !

Après notre atelier, chaque enfant a aussi pu s'entraîner à écrire son prénom sur une vraie machine à écrire prêtée par Joséphine, (super) enseignante de la Classe Bleue. Et ils ont pu constater qu'il faut nettement plus de force et de dextérité que sur un clavier d'ordinateur, descendant de la vénérable ancêtre !

  

Image : l'atelier à idées

 

 

J’aime taper sur ma machine à écrire
Je m’imagine en secrétaire
Ecrire à la main, c’est l’enfer
Grâce à la machine, j’échappe au pire !
 
Il faut recharger en encre pour écrire
C’est très important de le faire
Sinon les caractères en fer
Ne pourront plus rien construire
 
Grâce à ma machine, j’ai moins de travail
Je peux faire une pause
J’ai le temps pour un jus de papaye !
 
Je vois la vie en rose
Je vais me choisir une belle paille
Je me sens comme au pays d’Oz !
 
Jack, Eric, Joé
 
 
J’aime la machine à écrire
Et toutes les touches de son clavier
Quand le métal frappe le papier
Ca me berce, j’ai envie de dormir
 
Chaque touche active un petit marteau
Il est un peu le secrétaire
J’aime bien tous ces caractères
Lever, baisser, surtout ne pas coincer les marteaux !
 
Sur une machine à écrire
On peut taper en deux couleurs
J’aime écrire et puis après, lire 
 
Ce n’est pas beaucoup, deux couleurs
Mais je n’arrêterais pas pour un empire
Je ne vois pas passer les heures !
 
Elliot,Léo
 
 
 
Oh, ma belle machine à écrire !
Dans le noir, tu es ma lumière 
Sur tes touches brillent les lettres claires
Même ton ruban semble me sourire
 
Ah, ma belle machine à écrire !
Tes marteaux frappent leurs beaux caractères
Je suis le meilleur secrétaire
Tu me donnes des frissons à n’en plus finir 
 
Taper sur ton clavier AZERTY
Est délicieux comme un gâteau de maman
Mais j’aime tout autant ton QWERTY
 
Je voudrais te manger avec du safran
Ou pourquoi pas de la chantilly
Machine adorée, tu me rends gourmand !
 
Emilien,Sacha
 
 
J’aime taper à la machine à écrire
J’en ai une avec un clavier AZERTY
J’en ai une avec un clavier QWERTY
Je commence et ne veux plus finir !
 
Tu es tellement drôle que j’ai envie de rire
Tu es tellement belle et me cries : « Vas-y ! »
J’adore tes voyelles : a, o, e, u, i 
Avec toi c’est merveilleux d’écrire !
 
Avec toi j’ai plaisir à être
Ton papier, ton chariot, tes feuilles,
Ton clavier et tous ses caractères
 
On dirait qu’ils me font un clin d’œil 
Et me disent : « Mon cher secrétaire,
Tu réussiras à remplir ton porte-feuilles !»
 
Matteo,Octave
 
 
 
Je suis une invention extraordinaire
On peut me transporter partout
Sur le papier j’écris tout
Avec mes petits caractères
 
Tout pour vous je suis prête à faire
Je n’existerais pas sans vous
Maintenant je travaille pour vous
Je suis une parfaite secrétaire
 
Il me faut des feuilles de papier
De l’encre, une table, un ruban
Je suis l’ancêtre de vos claviers
 
J’ai changé la vie des gens
Ils ont dû apprendre à taper
Pour créer de nouveaux documents !
 
Yves,Sebastian
 
 
 
Pour écrire ma lettre, je tape sur les touches
Mes doigts bougent sur le clavier
Les lettres frappent le papier mais
Mon ruban n’imprime pas, c’est louche !
 
C’est la faute d’une grosse mouche
Qui s’est posée sur le papier
A cause d’elle, j’ai fait un pâté !
Et maintenant, je dois faire une retouche !
 
J’ai travaillé tard dans la nuit
Et recommencé plusieurs fois
Sur mon clavier AZERTY
 
Cette satanée mouche n’est plus là
Ma lettre est finie,
Je l’envoie !
 
Roxanne, Gaia, Ingrid
 
 

Le saviez-vous ? Les bouts-rimés

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On attribue l’invention des bouts-rimés à Dulot, un poète mineur au sujet duquel on ne sait guère autre chose et qui n’a pas su sortir du lot. Les Menagiana rapportent qu’un jour de 1648, Dulot se plaignit de ce qu’on lui avait volé un certain nombre de papiers de valeur et, en particulier, trois cents sonnets. Comme on se surprenait de ce qu’il en ait écrit autant, Dulot expliqua qu’il s’agissait de sonnets « en blanc », c’est-à-dire qu’il n’avait fait qu’écrire les seuls mots qui riment et rien d’autre. Tout le monde trouva l’idée amusante et tourna ce que Dulot avait fait sérieusement en divertissement.

Les bouts-rimés connurent une telle vogue dans les salons aristocratiques du XVIIe siècle qu’ils eurent même droit, en 1654, à leur satire par Sarrasin, sous le titre de Dulot vaincu ou la défaite des bouts-rimés. Le succès considérable de cette satire n’empêcha nullement la composition des bouts-rimés de se poursuivre durant tout le XVIIe siècle et une grande partie du XVIIIe siècle. Le terme fait son apparition dans la 4e édition du Dictionnaire de l'Académie française (1762).

En 1701, Étienne Mallemans de Messanges publia le Défi des Muses, un recueil de sonnets sérieux, tous rédigés selon des rimes choisies pour lui par la duchesse du Maine. Ni Piron ni Marmontel ni La Motte ne dédaignèrent cet exercice ingénieux.

Cette mode connut un regain de succès au début du XIXe siècle. Alexandre Dumas lui-même s’y intéressa en 1864 en invitant tous les poètes français à démontrer leurs talents poétiques en composant sur des rimes choisies pour la circonstance par le poète Joseph Méry. Dumas rassembla ensuite les réponses de pas moins de 350 auteurs dans un volume publié en 1865.

Dans le film Ridicule, de Patrice Leconte, dont l'intrigue se déroule à la cour du roi de France au XVIIIe siècle, une scène présente l’exercice des bouts-rimés comme l’enjeu d’une guerre pour le bel esprit que se livrent plusieurs courtisans.

Source : Wikipedia

 Voir d'autres "Le saviez-vous ?" de La Lutinière


En petit

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Image : www.ecomedia.ch
 
"Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ?
Eh bien commence à le faire : qui t'en empêche ?
Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent.
Fais-le en petit, et il grandira."

 

Carl Gustav JUNG


Il m'est totalement égal

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"Mon unique intérêt en cette existence a été la poésie et mon unique but la liberté d’écrire à ma guise. Je n’ai donc jamais rien dû à personne, je n’ai jamais fréquenté les marchés de la poésie ni souhaité vivre de ma plume. J’ai, la plupart du temps, écrit sans publier, dessiné pour moi seule et pris de ce qu’il me plaisait de voir les clichés qu’il me plaisait de prendre en attendant de savoir ce que tout ça pourrait donner de libre et de vivant. Je n’ai jamais appartenu à un parti politique ni prétendu convaincre autrui de quoi que ce soit. Il m’est totalement égal que mes écrits disparaissent : j’aurai appris ce que je devais apprendre et laissé ce que je devais laisser."

 Françoise MORVAN

Visiter son site

 

If / Si

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Texte d'origine de Rudyard KIPLING (1895, ed.1910)

 

Traduction de Jules CASTIER (1949)

 

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream - and not make dreams your master;
If you can think - and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: 'Hold on!'

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings - nor lose the common touch,
if neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And - which is more - you'll be a Man, my son!

 

Si tu peux rester calme alors que, sur ta route, 
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi ; 
Si tu gardes confiance alors que chacun doute, 
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi ; 
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine : 
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens, 
Ou si, étant haï, tu ignores la haine, 
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement ;

 

Si tu rêves, — sans faire des rêves ton pilastre ; 
Si tu penses, — sans faire de penser toute leçon ; 
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre, 
Et traiter ces trompeurs de la même façon ; 
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes 
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots, 
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes, 
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux ; 

 

Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes 
Et le risquer à pile ou face, — en un seul coup — 
Et perdre — et repartir comme à tes débuts mêmes, 
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout ; 
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret 
À servir à tes fins malgré leur abandon, 
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt, 
Hormis la Volonté qui ordonne : “Tiens bon !” 

 

Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre, 
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros ; 
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre ; 
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop ; 
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable 
De soixante secondes de chemins accomplis, 
À toi sera la Terre et son bien délectable, 
Et, — bien mieux — tu seras un Homme, mon fils.

 

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