L'encre et la plume (1)

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J'ai reçu des photos du littoral méditerranéen. Le genre d'endroit où on ne me ferait pas aller à cette saison, même en me tirant par les cheveux : déjà beaucoup trop chaud, trop bruyant, trop peuplé pour moi. En novembre ou en février, peut-être... Mais j'ai la chance que d'autres oiseaux voyageurs me fassent partager leurs photos et m'invitent avec eux là où je n'irais pas.

Parmi ces photos, l'une a été un déclic. Je ne saurais pas dire pourquoi. Les sources de mon inspiration sont souvent mystérieuses... et inattendues.

 

Photo : C.B. 

 

Cette image m'a emportée très loin sans bouger de chez moi. Le nuancier fantastique de bleus m'a donné envie de ressortir mes encres pour explorer une nouvelle gamme : "L'encre et la plume". L'encre est sombre, la plume (et le papier) sont clairs. Il faut les deux pour écrire.

 

En travaillant sur cette gamme, je me dis que l'écriture (celle que j'ai envie de pratiquer, en tout cas) est à l'image de la vie :  claire-obscure, obscure-claire. On peut varier l'angle de vue, mettre en avant le lumineux ou le sombre: les deux s'entremêlent toujours, inévitablement, parce que c'est la substance même du monde où nous vivons. Son unicité, et par là-même, sa valeur aussi. C'est cette alchimie que j'aimerais rendre avec "L'encre et la plume".

 

J'ai commencé par poser les encres sur le papier, sans réfléchir. Ca a donné des compositions "aléatoires", ou intuitives. Rien que les regarder me faisait partir en voyage. Etaient-elles atolls ou nuages ? Qu'importe ? Parfois, la destination est moins importante que le voyage. 

 

 

 

 

 

 

 

Puis, mes ciseaux se sont invités dans la traversée du papier pour former les plumes. En voici quelques-unes sorties de mes mains hier. Je vous montre l'autre côté prochainement et vous dirai à quoi elles sont destinées, si vous n'avez pas déjà deviné ?

 

 

 

Lontano (loin)

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L'imaginaire est la plus belle des agences de voyage. On part pour n'importe où dans le monde (ou même hors du monde !), n'importe quand, le temps qu'on veut, aussi souvent qu'on veut. Pas de frais, pas de valises à l'aller, pas de linge sale au retour, pas de formalités administratives, pas de vaccins, pas d'embouteillages, pas de mal des transports, pas de trains en retard, pas de vols annulés, pas de pick-pockets, pas de gêneurs, pas de malotrus (sauf si on décide qu'on en veut pour pimenter l'aventure). Je ne m'en lasse pas. Je suis époustouflée par ce cadeau magique, illimité, inépuisable.

Hier, je republiais un ancien texte né d'un vrai voyage. Dans la soirée, j'ai regardé une vidéo sur la Ligurie, où je ne suis jamais allée. Ca m'a donné envie de m'y rendre par l'imaginaire. J'ai pêché une photo sur Internet et voilà ce qui est sorti.

 

Photo : Marek 7400 - www.expedia.fr

 

On s’était promis qu’un jour, on irait sur le rocher ensemble, tu te souviens ? A la nage, à la rame, avec nos bouées ou sur une embarcation de fortune, en yacht si on devenait riches, en canot à moteur ou en pédalo… On s’en est pris des roustes à tenter d’y accoster encore et encore, parfois au péril de nos vies ; on s’en est cogné des dimanches consignés dans notre chambre pour avoir de nouveau tenté l'aventure.

 

Si loin que remontent mes souvenirs, le rocher a toujours été le point de convergence de nos rêves, le creuset de nos fantasmes les plus fous.

 

Enfants, nous nous projetions, pirates, dans ses criques déchiquetées pour y enfouir notre trésor, bravant les squales ; nous débarquions sur ses plages étroites en explorateurs intrépides pour finir ligotés à une broche par des cannibales ; nous nous jetions de liane en liane dans la jungle intérieure qu’il ne pouvait manquer d’abriter, cachée dans le cratère d’un volcan ou dans une cavité souterraine luxuriante.

 

Adolescents, il a accueilli nos premiers émois imaginaires, nos premières rêveries romantiques avec baisers sous les palmiers, promenades main dans la main au clair de lune sur le sable scintillant…  et nos premières solides érections, qu’il a eu l’amitié de garder secrètes.

 

Jeunes hommes, il est devenu le théâtre de scènes passionnées où nous trouvions refuge à son sommet, dans ce que nous pensions être les ruines d’un château, pour caresser les seins des filles et les embrasser à pleine bouche, loin de la morale pudibonde et du carcan de l’église Sainte Nitouche. Il était une enclave de résistance aux coutumes obsolètes, une zone de non-droit pour la pruderie déplacée, où il était permis de vivre nus et de faire l’amour sur la plage… je rigole quand j’y songe, haha ! L’amour dans le sable, c’est comme dans le foin : il n’y a que ceux qui n’ont jamais essayé que ça fait fantasmer !!

 

Adultes,… adultes, la vie "réelle" nous a  arrachés brutalement à sa force d’attraction magnétique pour nous rappeler aux "dures réalités de l’existence". Tu as quitté le village ; j’ai commencé à travailler. A toi la carrière, les voyages, l’installation à l’étranger ; à moi les petits boulots, selon ce que m’offrait le quotidien local : mécano, cordonnier, aide-boulanger, livreur, serveur, facteur… factotum ! J’ai tout fait : j’apprenais sur le tas, et pour les études, de toute façon, ma famille n’avait pas le budget.

 

Longtemps, j’ai songé à tout ce que nous ferions lorsque tu reviendrais, et comment nous pourrions, enfin, nous rendre sur ce fameux rocher. Les années ont passé, tu n’es pas revenu : ni pour Domenico après son accident, ni pour les funérailles de ton père, ni pour aider ta mère quand elle a commencé à ne plus être autonome. C’est nous, au village, qui l’avons épaulée.

 

Qu’est-ce qui pouvait te retenir si loin, si fort, pour que tu ne rentres pas, même pour ces priorités-là ? Ton travail était-il si prenant, si exaltant ? Bien sûr, tu as sûrement une voiture splendide quand je n’ai qu’un vieux vélo ; tu possèdes la télévision dernier cri que me réclament mes enfants, et tu as de quoi financer de brillantes études aux tiens. Le cycle se répète. A vous l’opulence, à nous l’épargne…

 

Mais quand j’y réfléchis, quand je repense à ces rares photos que m’a montrées ta mère, y as-tu gagné vraiment ? Es-tu heureux, là-bas, dans ton pays de banques, de grues et de gratte-ciel, dans ce bureau presqu’entièrement vitré qui n’ouvre que sur des immeubles vertigineux et quelques pans de ciel gris, brouillé par les gaz d’échappement et les fumées de l’industrie ? Te rappelles tu les bleus intenses du ciel et de la mer d’ici, le parfum capiteux des pins et le concert entêtant des cigales, les soirs d’été ? Te rappelles tu le ravaudage des filets en communauté, le ventre rebondi des barques colorées, le chant des cloches du campanile, les odeurs de café au petit matin dans les ruelles encore humides et fraîches, quand les commerçants lessivent leur devanture en sifflotant ?

 

Voilà ce que je te demanderais si tu revenais un jour, voilà ce que j’aimerais t’entendre me dire, quand les ans nous auront courbés, quand nous nous assoirons à notre tour sur un banc pelé du front de mer, les mains croisées sur la canne, le menton sur les mains, les yeux dans le vague et les vagues.

 

Les jours passent sur notre rocher sans l’user, seule s’use mon attente, ou peut-être mon envie, de te voir rentrer. Peut-être est-ce mieux ainsi : que le rocher reste cette île utopique et lointaine, posée en équilibre sur l’horizon, vacillant entre passé et présent, enfin accessible, jamais explorée, cette île meilleure de n’être jamais atteinte pour nous tirer en avant et nous faire voyager loin.

27.06.23

 

Enfin !

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Enfin de retour !

Ce mois de juin, j'ai enfin pu répondre à l'invitation des CE1-CE2 de Mme Tchanilé à l'école Elie Reumaux à Freyming-Merlebach (Moselle, France).

Je me rends régulièrement depuis 2009 dans cette école, qui a participé à la création de deux de mes livres : "Le coquelicot qui se sentait tout seul" et "Le fantôme à lunettes". La pandémie de 2020 a mis fin à nos rendez-vous durant 3 longues années :  j'étais d'autant plus heureuse et impatiente d'y retourner ! 

(Trois visages d'enfant sont floutés à la demande des familles)

  

Les enfants avaient préparé des questions sur mes livres, mon métier (et comme chaque fois... aussi un peu sur ma vie privée : j'ai encore en mémoire l'interview de 2011 !). Nous avons évoqué le processus de fabrication d'un livre, du manuscrit à l'ouvrage finalement imprimé, et le partenariat avec les différents professionnels avant qu'il n'arrive entre les mains des lecteurs (un peu comme à l'école Montessori de Strassen).

 

Après la pause déjeuner, nous avons expliqué ce qu'est un abécédaire pour présenter celui du "Fantôme à lunettes", et proposé un premier jeu aux enfants : trouver pour chaque lettre de l'alphabet au moins un personnage célèbre. Et si, évidemment, nous avons eu beaucoup de noms de footballeurs, chanteurs, acteurs ou héros de dessins animés, nous avons eu la surprise de voir aussi s'inviter des célébrités comme Martin Luther King ou Leonardo da Vinci... cette classe est cultivée !

 

Dans un deuxième jeu, après la récréation, la maîtresse et moi avons posé oralement des questions à la classe : sur mes livres et les métiers du livre (test de compréhension et mémorisation sur nos échanges du matin), mais aussi sur des points travaillés en classe (vocabulaire, conjugaison, problèmes mathématiques à partir de personnages ou de situations de mes livres). A chaque réponse juste, les élèves collectaient des points (ou en perdaient s'ils se comportaient mal, en répondant à la place des autres, par exemple). Chacun a gagné un cadeau à la fin du jeu.

  

invitation

 

J'ai dédicacé et dessiné de nombreux Coquelicots, Fantômes à lunettes et, pour les meilleurs lecteurs, "Alis au Pays des Merveilles".  Pour finir, les enfants ont entendu ma dernière histoire, encore inédite, et fait part de leurs réactions. Ils étaient tous extrêmement attentifs et motivés et j'ai passé une formidable journée.

Je suis repartie avec une création spéciale invitée VIP : de petits mots écrits par chacun, j'en déguste un par jour !

 

invitation

 

Nous nous retrouvons le vendredi 23 juin. Je ne sais pas encore ce qui sera au programme car, comme chaque fois avec cette maîtresse, le programme s'improvise en direct de l'actualité de terrain, c'est ce qui fait tout le charme ! J'adore improviser et ça nous réussit. Vivement vendredi !!!

 

invitation


La vie en rose

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Les roses sont partout sur mon chemin en ce moment. En bas de chez moi, les églantines sont en fleur et, comme chaque année, je les remercie pour leur délicate beauté offerte. A l'instar des coquelicots, que j'aime tant, elles font partie des fleurs sauvages et fragiles qui fanent dès qu'on les cueille et qu'on ne peut s'approprier dans un vase en guise d'ornement.

 

Ma mère m'a rapporté d'Andalousie un cadeau emballé dans du papier avec des roses. Une amie m'a offert une rose de son jardin et, après avoir déjeuné avec une autre, nous nous sommes promenées dans la roseraie.

 

Jusqu'ici, je n'étais pas, je dois dire, une grande amie des roses. Je les trouvais trop sophistiquées, trop snob, trop dénaturées... et trop épineuses. De plus, l'entretien des rosiers est un vrai casse-tête pour beaucoup de jardiniers. Je suis une fille simple qui aime les choses simples. Les roses, c'était beaucoup trop de tralala pour moi. Sans compter l'utilisation commerciale qui en est faite à la Saint Valentin...

 

Pourtant, la vie me propose de regarder les roses différemment. Ce sont des fleurs qui ne se laissent pas approcher facilement. Elles se protègent derrière leurs épines. Elles demandent de l'attention et beaucoup de persévérance. Elles m'apprennent qu'il y a des bonheurs d'autant plus grands d'avoir été longtemps attendus, longtemps inaccessibles. Des bonheurs intenses qu'on n'a même pas imaginés possibles.

 

On avait atteint le point de bascule où on est prêt à renoncer,  où on se dit "ça n'existe pas" ou "ce n'est pas pour moi". Et là, la vie nous rattrape par la manche et nous souffle  : "Ne renonce pas". On s'arrête pour mieux tendre l'oreille, on n'est pas sûr d'avoir bien compris, bien entendu. Ca semble tellement irréel, tellement improbable. Alors la vie ajoute, à peine un peu plus fort : "Ca existe. C'est pour toi. Si tu acceptes que cela le soit. Mais seulement dans ce cas. Tout part de toi. Jusqu'où es-tu prêt(e) à croire en moi ? "

 

Voilà ce que m'apprennent les roses, mes professeurs du moment. En leur honneur, j'ai eu envie de réécouter "La vie en rose". Il en existe d'innombrables interprétations, dont bien sûr l'originale de Piaf. Souvent très romantiques et passionnées. J'ai aimé celle de Zaz, plus proche de mon énergie, tout en joie et en légèreté. Un peu folle. Un peu comme la leçon des roses.

 

 

 

 

Des yeux qui font baisser les miens
Un rire qui se perd sur sa bouche
Voila le portrait sans retouche
De l'homme auquel j'appartiens
Quand il me prend dans ses bras
Qu'il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours
Et ça me fait quelque chose
Il est entré dans mon coeur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause
C'est lui pour moi, moi pour lui dans la vie
Il me l'a dit, l'a juré pour la vie
Et dès que je l'aperçois
Alors je sens en moi
Mon coeur qui bat
 
Des nuits d'amour à n'plus finir
Un grand bonheur qui prend sa place
Des ennuis des chagrins s'effacent
Heureux, heureux à en mourir
Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours
Et ça me fait quelque chose
Il est entré dans mon coeur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause
C'est toi pour moi, moi pour toi dans la vie
Il me l'a dit, l'a juré pour la vie
Et dès que je t'aperçois
Alors je sens en moi
Mon coeur qui bat
 
Auteurs-compositeurs : Edith Piaf, Louiguy
Interprète : Zaz
 

Vacances

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Stromboli del mio cuore,

 

Si c'est aujourd'hui que tu pars, je veux que tu passes de belles vacances. Et que tu te reposes enfin. Pardonne-moi d'avoir envoyé ce message sur ton téléphone. J'aurais dû comprendre que si tu n'avais pas répondu au précédent, c'est que tu ne pouvais ou voulais pas le faire. Je ne voulais pas t'importuner. Je suis désolée... Je me sens tellement maladroite.

Où que tu ailles et pour je ne sais combien de temps, si tu acceptes de garder dans ton coeur l'empotée que je suis, je serai là.

Bonnes vacances

J'agis tellement de travers... mais je t'aime.

 

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