Palier
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Lessivage |
Dans l’Albedo, le nettoyage ou l’affinage vibratoire se poursuivent, par vagues successives. Les vibrations les plus lourdes ont été dissoutes dans l’œuvre au noir avec les carapaces, mais il reste des scories, des mémoires qui, à leur tour, remontent à la conscience et doivent s’alléger. La totalité de l’être est passée au tamis : les cristallisations les plus denses ont été évacuées, mais il reste des concrétions à désagglomérer. Ce processus s’étend sur la durée. Il peut être d’autant plus long que, si les âmes sont suffisamment préparées, elles vont épurer non seulement les mémoires de leur histoire individuelle, mais aussi, parfois, celles de leur lignée familiale ou celles d’autres vies. Le bagage de traumas qui remonte s’en trouve démultiplié et l’accumulation de souffrances à traiter peut provoquer une réaction de rejet, de saturation ou de survoltage qui déclenche alors une « crise ». |
Salvavita |
J’en ai marre ! Marre !!! Le mot est encore trop faible. J’en ai « polverieramente » marre. J’ai envie de tout faire péter. Pourquoi s’est réveillée ma foutue plume ? Pourquoi je suis allée à ce foutu rendez-vous, après l’avoir imbécilement initié en plus ? Pourquoi, chaque fois que je vais sur mon téléphone et que Stromboli y est en même temps ou vient de se connecter, ça me fait comme si je mettais les doigts dans une prise électrique ? Pourquoi mon cœur tape comme un carillon de mariage lancé à toute volée, n’importe quand, de jour, de nuit, parfois quand je travaille et au point que je n’arrive plus à me concentrer ? Et à heures régulières, par exemple, tous les jours après déjeuner, vers 13h30, comme si j’avais un rendez-vous d'amour fou ? Pourquoi je suis happée par cette sinusoïde émotionnelle qui décharge en moi, sans prévenir et sans cohérence, tantôt des bonheurs inimaginables, tantôt des douleurs intolérables ?
Si je suis la caisse de résonance de tout ce que Stromboli refoule, pourquoi j’écope de ce taf et qu’est-ce que je dois faire de tout ce merdier ? Vous avez pété les câbles, là-haut, à l’octave supérieure ? Vous voulez me faire disjoncter ?
Hier soir, j’animais une réunion importante avec beaucoup de participants, des personnes fragilisées dans des situations de vie très tendues. J’avais besoin de toute mon empathie et ma concentration pour mener à bien ma tâche et voilà que le tam tam se met à ruer pendant plus d’une heure comme un animal pris de panique. J’essaie de me relier à Stromboli sans perdre le fil de ma réunion et je reçois des décharges d’angoisse et de désespoir tellement fulgurantes que j’ai dû couper la communication, ça me déséquilibrait tout le système nerveux, la même sensation que quand on va s’évanouir sous le coup d’une douleur trop forte.
J’en ai marre, basta. Je ne veux pas vivre mon histoire avec lui de cette façon. Je refuse de le faire souffrir, je refuse qu’il me fasse souffrir. On vaut mieux que ça. Si tout ce qu’on est capable de construire ensemble, c’est ce crève-cœur, alors je veux qu’on arrête tout, maintenant.
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Tension |
Je suis à bout. Usée jusqu’à la dernière fibre. Lessivée. Un mois que je n’ai pas fait une nuit normale. Moi qui dormais depuis des années mes huit heures d’un sommeil de bébé, moi qui étais un oiseau de nuit se levant et se couchant tard, depuis un mois, je me réveille à trois, quatre, cinq heures du matin. Plus sommeil du tout. Je bois un thé au miel en écoutant de la musique, puis j’écris. Je dois ensuite faire des siestes dans la journée, quand je peux, pour compenser les heures de sommeil manquantes et remplir les tâches de mon quotidien.
S’il n’y avait que les troubles du sommeil, ça irait encore : j’ai la chance d’avoir des horaires assez libres, je peux m’arranger pour récupérer. Mais il y a aussi les fluctuations émotionnelles, ces hauts et bas inexplicables et éreintants, comme un équilibre qui se cherche de façon anarchique en creusant un extrême, puis son opposé ; ces oscillations me laissent complètement sur le carreau. Je ne parviens pas à rétablir ma paix intérieure. Je sais que ce n’est pas hormonal. Je sais que ce n’est pas à moi, ou pas seulement à moi. Je sers de drain, de dérivatif aux émotions de quelqu’un qui vit un bouleversement cataclysmique, et je crois que c’est Stromboli. Mais pourquoi ? |